Fugaces

Aina Alegre ne sait plus trop comment la rencontre artistique s’est faite, mais elle sait que ce souvenir a germé en elle, la marquant jusqu’aux racines de son art. Dans les années 30, la danseuse gitane Carmen Amaya fait voler en éclats les codes du flamenco, s’emparant du percutant zapateado réservé jusqu’alors aux hommes. Sur scène, loin de tout folklore, les sept formidables interprètes s’emparent de sa gestuelle, laissant chacun en trouver un écho intime. Aux claquements sourds de leurs pas quand ils émergent de l’ombre succèdent la contagion des rythmes percussifs, les corps qui se propulsent dans l’arène, les défis. Une énergie collective aux multiples strates, qui se transforme en transe contagieuse lorsque surgit le Boléro. Sur cette pièce flamboyante peut se pencher enfin l’ombre bienveillante de celle que l’on nommait la Capitaine. Fugaces, dit le titre, mais aux saluts, c’est toute une liberté sauvage que le public emporte avec lui, durablement.