L'histoire du lieu

L’histoire de Bonlieu débute bien avant la construction du Forum de Bonlieu. 
À travers une recherche approfondie dans les archives, découvrez l’histoire de ce lieu devenu central à Annecy, du clos monastique à la scène nationale.

C'est en 1753 que le nom de Bonlieu apparaît dans l'histoire d'Annecy. Suite à un recadrement de la vie monastique des religieuses venues de Sallenôves au lieu-dit Bonlieu, s'installent dans un couvent occupé précédemment par des Bernardines. Cet établissement se trouvait hors des remparts de la ville, face au Pâquier et face au lac. L'arrivée des troupes révolutionnaires en Savoie en 1792 met fin à l'histoire de l'abbaye de Bonlieu.

Vendue comme bien national, elle est occupée au XIXᵉ siècle par plusieurs activités industrielles. En 1875, l'abbaye est achetée par un industriel, Monsieur Laeuffer, pour en faire son hôtel particulier. Il fait construire l'un des premiers théâtres d'Annecy dans une ancienne dépendance. Entre temps, depuis les années 1850, sur une partie du Clos Bonlieu, est apparu un établissement hôtelier de grande réputation, l'Hôtel Verdun où descendaient les personnalités comme le Prince de Galles ou bien l'écrivain Eugène Sue. L'hôtel passe entre différentes mains avant de disparaître en 1970. Depuis les années 50, le Clos Bonlieu, avec ses bâtiments vétustes est voué à disparaître.

Mais c'est sur le Pâquier que commence véritablement l'histoire du théâtre à Annecy. En 1825, un théâtre en pierre, de style néoclassique, est construit par le peintre et architecte Prosper Dunant, pour une société privée constituée par des notables de la ville. En 1863, le théâtre, suite à des difficultés financières, est cédé à la ville. C'est à cette période qu'il perd ses colonnes et son entablement pour une façade plus banale. Il s'agit d'une salle à l'italienne, avec des loges et des balcons, qui accueille 774 spectateurs. La programmation est représentative de ce qui peut se jouer dans les théâtres de province à la même époque. On joue aussi des pièces d'inspiration locale. Le Massacre des Espagnols à Annecy, Le Prisonnier de Chillon.

Après la Première Guerre mondiale, c'est le modèle du Casino Théâtre qui est en vogue. Celui d'Annecy ouvre en juillet 1921, et en 1929, une salle de dancing, une rotonde, viennent agrandir le casino. La programmation change et c'est le temps des tournées : Claudine à Paris, Pierre Borel, Pierre Brasseur, Marcelle Auclair. Le théâtre ferme pendant la guerre, mais rouvre en 1944 et il faut le rénover.

Le nouveau Théâtre de Paul Jacquet apparaît en 1955. Il accueille 880 spectateurs. Dès 1973, il a besoin de travaux et suite à une histoire d'escroquerie et un procès retentissant en 1981, il est détruit cette même année. Face au Théâtre Jacquet, le vétuste Clos Bonlieu a été détruit lui aussi quelques années plus tôt. En effet, depuis les années 60, une longue réflexion est menée par le conseil municipal pour exploiter le lieu et en faire un point de rencontre au cœur de la ville.

C'est l'architecte Maurice Novarina qui réalisera ce projet en 1981 avec le Centre Bonlieu, de verre et de béton armé, qui intégrera des commerces, une bibliothèque, l'office de tourisme et le nouveau théâtre avec ses deux salles : l'espace 1000 et l'espace 300. Le projet de Bonlieu fait polémique et est un enjeu de la campagne des municipales.

En 1992, dans le cadre de la décentralisation théâtrale, le théâtre de Bonlieu devient Scène nationale, un label mis en place par le Ministère de la Culture un an plus tôt pour unifier les institutions culturelles préexistantes.

En 2012–2014, le théâtre est rénové par blond&roux architectes et la Scène nationale s'installe dans l'ancien haras d'Annecy. La programmation prend des airs de liberté. Tentes, chapiteaux, yourtes, petits théâtres de bois, baraques de foire investissent le lieu. Une nouvelle salle temporaire voit également le jour : le Théâtre des Haras, qui accueille 500 spectateurs.

Le nouveau Bonlieu rouvre en 2014. Il répond aux nouvelles normes de sécurité et d'accueil des personnes à mobilité réduite. Les espaces d'accueil du public et des artistes ont été remodelés et le confort des spectateurs amélioré. Mais surtout, il intègre une nouvelle salle de répétition côté jardin. Un outil indispensable à la création. Toute une série de festivités accompagne cette programmation : visites du théâtre, performances, danses collectives.