Thomas Bernhard

Thomas Bernhard est né le 9 ou le 10 février 1931 à Heerlen, aux Pays-Bas. Il vit d'abord chez ses grands-parents, avant que sa mère ne revienne en Autriche en 1932. Il ne connaîtra jamais son père naturel. La vie de Thomas Bernhard est immédiatement marquée par une grande précarité (financière, mais aussi affective et physique). Il passe sa jeunesse à Seekirchen, dans la campagne, près de Salzbourg, principalement sous l'aile de son grand-père, l'écrivain Johannes Freumbichler (reconnu tardivement, mais qui recevra en 1937 le prix national de littérature). Son grand-père lui donne le goût de l'art et de l'écriture. En 1948, Thomas Bernhard a 17 ans. Atteint par une grippe, il est donné perdu par tous les médecins et placé dans un hôpital. Son grand-père meurt la même année, mais Thomas Bernhard s'en sort miraculeusement et prend dès lors la décision de devenir écrivain. Il est transporté dans un sanatorium où il est finalement contaminé par la tuberculose. Il perd sa mère en 1949 et apprendra sa mort de la même manière qu'il a appris celle de son grand-père : par hasard, dans le journal. Thomas Bernhard quittera cet hôpital en 1951. Il fait alors des études au Conservatoire de musique et d'art dramatique de Vienne ainsi qu'au Mozarteum de Salzbourg. Après des expériences dans le journalisme et la critique, il écrit son premier roman, Gel, en 1962, mais se concentre de plus en plus sur des œuvres théâtrales. La vie de Thomas Bernhard est marquée par la succession de scandales que ses livres provoquent. La relation paradoxale que Thomas Bernhard entretient avec l'Autriche et ses contemporains est inscrite dès la première phrase de La Cave : « Les autres êtres humains, je les rencontrais dans le sens opposé. » Dans presque toute son œuvre, l’écrivain fustige la persistance de l’antisémitisme et, plus généralement, de l’idéologie nazie en Autriche. Le scandale atteint un sommet en 1968, lorsqu'on lui remet un prix national de littérature pour Frost. Le ministre de l'Éducation et tous les responsables quittent la salle alors que Thomas Bernhard tient un discours attaquant frontalement l'État, la culture autrichienne et les Autrichiens. Mais le plus gros scandale est sans doute l'œuvre elle-même, inclassable et géniale. Dans l'éructation et la répétition obsessionnelle, on ne pourra guère aller plus loin, comme en font foi ses principaux romans : Le Naufragé, Béton, Oui, Des arbres à abattre ou Extinction. En 1969, il se lie d'amitié avec le metteur en scène Claus Peymann, qui sera un grand soutien tout au long de sa carrière. Il écrira pour la scène : Une Fête pour Boris (1970), L’Ignorant et le fou (1972), Avant la retraite (1979), Maître (1980), Le Faiseur de théâtre (1984), Simplement compliqué (1986), Place des héros (1988). En 1970, il obtient le prix Georg Büchner. Entre 1975 et 1982 paraissent ses cinq récits autobiographiques : L'Origine, La Cave, Le Souffle, Le Froid et Un enfant. Thomas Bernhard souffre toute sa vie d'un souffle court et meurt en 1989, trois mois après la première de Place des héros, dans sa vieille ferme de Haute-Autriche, le 12 février, comme son grand-père... Il était alors âgé de cinquante-huit ans. Dans son testament, il interdit la diffusion et la représentation de ses œuvres en Autriche (« quelle que soit la forme ») pour les cinquante années suivant sa mort. Ses héritiers annuleront cette clause du testament. En France, il est publié aux Éditions de L’Arche. Claude Porcell a traduit en français une vingtaine de ses textes.