Mathilde Monnier

Venue à la danse tardivement, après une expérience de danseuse au sein des compagnies de Viola Farber et François Verret, Mathilde Monnier s’intéresse à la chorégraphie dès 1984, alternant créations de groupe et pièces en solo ou duo. De spectacle en spectacle, elle déjoue les attentes en proposant un travail en constant renouvellement. Ses questionnements artistiques portent sur l’écriture du mouvement, en lien avec des problématiques plus larges comme le commun, le rapport à la musique, ou encore la mémoire. Sa nomination à la tête du Centre chorégraphique national de Montpellier/Languedoc-Roussillon en 1994 marque le début d’une période d’ouverture vers d’autres champs artistiques, ainsi qu’une réflexion en acte sur la direction d’un lieu institutionnel et son partage. Ses spectacles, tels que Pour Antigone, Déroutes, Les lieux de là, Surrogate Cities, Soapera, Publique, La Place du singe, 2008 Vallée, Tempo 76, sont joués sur les grandes scènes et festivals internationaux. Elle explore la déconstruction des écritures chorégraphiques et du langage de la danse. Elle alterne la création de projets qu’elle signe seule avec des œuvres en co-signature, en collaboration avec des artistes de divers horizons : le musicien Louis Sclavis, le chanteur Katerine, l’écrivaine Christine Angot, le compositeur Heiner Goebbels, la cinéaste Claire Denis, le peintre Dominique Figarella, ou encore la chorégraphe La Ribot. Elle s’investit également en Afrique, notamment en créant le premier festival de danse contemporaine en Angola avec Pour Antigone et en parrainant le CDC La Termitière à Ouagadougou. Sous sa direction, le CCN de Montpellier évolue, avec la mise en place de la formation EXERCE, seul master en chorégraphie à ce jour. Elle initie aussi les premières résidences d’artistes au sein du CCN, avant même leur reconnaissance par le ministère de la Culture. Mathilde Monnier explore de nouveaux médiums : la bande dessinée avec Olislaeger, le cinéma avec Claire Denis et les frères Larrieu, un projet sur la mode avec Olivier Saillard, une édition avec le philosophe Jean-Luc Nancy. Elle conçoit également des événements publics et gratuits, tels que Potlatch (invitation à 100 artistes) et Skène. Parallèlement, elle mène un travail en hôpital psychiatrique auprès de personnes autistes et anime des ateliers destinés à des personnes malades. Elle reçoit plusieurs prix, dont : le prix du ministère de la Culture au concours de Bagnolet en 1983, le grand prix SACD en 2002, la distinction de chevalier de la Légion d’honneur en 2013. De janvier à juin 2019, elle dirige le Centre national de la danse (CND), qu’elle transforme en centre d’art pour la danse. Elle affirme alors que la danse est le lieu de l’« indiscipline » par excellence, en inventant de nouveaux liens avec les autres champs artistiques. En 2019, elle crée Please Please Please avec La Ribot et Tiago Rodrigues. Sa dernière pièce, RECORDS, voit le jour en 2021.