Monique Wittig
Monique Wittig (1935–2003) était une romancière, théoricienne et militante féministe française, dont l'œuvre a profondément marqué la littérature et la pensée féministe contemporaines. Née le 13 juillet 1935 à Dannemarie, dans le Haut-Rhin, Monique Wittig grandit dans une famille catholique pratiquante. Après des études de lettres à la Sorbonne et de chinois à l'INALCO, elle s'installe à Paris dans les années 1950. Son premier roman, L’Opoponax (1964), publié aux éditions de Minuit, remporte le prix Médicis et est salué par des figures du Nouveau Roman comme Nathalie Sarraute et Claude Simon. Ce livre, qui explore l'enfance à travers une narration innovante, est rapidement traduit en plusieurs langues. En 1969, elle publie Les Guérillères, un roman emblématique du féminisme radical, suivi de Le Corps lesbien (1973), qui célèbre l'amour lesbien dans une langue poétique et subversive. En 1976, elle coécrit avec Sande Zeig Brouillon pour un dictionnaire des amantes, un ouvrage qui déconstruit la langue patriarcale. Son dernier roman, Virgile, non (1985), réinterprète La Divine Comédie de Dante en situant l'action à San Francisco, offrant une critique incisive des normes sociales et sexuelles. Active dans les mouvements féministes des années 1970, Wittig participe à la création de groupes tels que les Gouines rouges et les Féministes révolutionnaires. Elle développe une critique matérialiste du genre, affirmant que "les lesbiennes ne sont pas des femmes" pour souligner la construction sociale du genre et de l'hétérosexualité. En 1992, elle publie The Straight Mind and Other Essays, une compilation de ses essais théoriques influents, traduite en français sous le titre La Pensée straight en 2001. Installée aux États-Unis à partir de 1976, Wittig enseigne dans plusieurs universités, notamment à l'Université de l'Arizona à Tucson, où elle devient professeure de français et d'études féministes en 1990. Elle y soutient également une thèse de doctorat intitulée Le Chantier littéraire, dirigée par Gérard Genette, qui sera publiée à titre posthume en 2010. Monique Wittig décède subitement en janvier 2003. Son œuvre continue d'influencer la pensée féministe et queer à travers le monde. Une bourse d'écriture portant son nom a été créée à l'Université de l'Arizona pour encourager l'innovation littéraire et le lien entre politique et langue.