Monty Alexander

Près de soixante ans après avoir quitté sa ville natale de Kingston, en Jamaïque, pour s’installer aux États-Unis, le pianiste légendaire Monty Alexander, nommé aux Grammy Awards®, est devenu une figure incontournable de la scène musicale américaine. Parcourant inlassablement la planète avec de nouveaux projets à chaque tournée, il séduit un public mondial grâce à sa personnalité vibrante et à un message aussi éloquent que profond. Habitué du Festival de Jazz de Montreux, où il a joué en tête d’affiche à 23 reprises depuis 1976, Monty Alexander incarne des vérités intemporelles : une créativité mélodique toujours renouvelée, des rythmes effervescents, des vocalises raffinées, un esprit romantique et une énergie explosive, comme il le dit lui-même, capable de “faire monter la température jusqu’à la tempête.” Chaque concert est l’occasion pour lui d’explorer un large répertoire, mêlant jazz et influences musicales jamaïcaines. Avec plus de 75 enregistrements à son actif, il figure parmi les plus grands pianistes de jazz de l’histoire, classé cinquième dans Les cinquante plus grands pianistes de jazz de tous les temps (Éditions Hal Leonard). En reconnaissance de son talent et de son apport à la musique, le gouvernement jamaïcain lui a décerné le titre de Commandeur de l’Ordre de la Distinction en 2000, et l’Université des Caraïbes lui a remis un doctorat honorifique (DLitt) en 2018. Alexander est particulièrement reconnu comme un maître du trio de piano jazz, comme en témoignent ses collaborations avec des artistes de renom. Il a notamment joué avec le bassiste John Clayton et le percussionniste Jeff Hamilton (Montreux Alexander ‘76), ainsi qu’avec le bassiste légendaire Ray Brown et le guitariste Herb Ellis (Triple Treat). Né le 6 juin 1944, le jour du débarquement en Normandie, Monty Alexander a montré très tôt des aptitudes musicales exceptionnelles. Dès l’âge de quatre ans, il jouait à l’oreille des chants de Noël et divertissait ses proches. À six ans, il commence ses premières leçons de piano, bien qu’il demeure réticent aux méthodes classiques, préférant absorber les riches influences musicales de son environnement. À 14 ans, il joue dans les clubs de Kingston et enregistre ses premiers morceaux en tant que leader du groupe Monty and the Cyclones, qui connaît un succès immédiat avec un tube classé parmi les dix premiers de la hit-parade. Il collabore aussi avec des producteurs emblématiques tels que Ken Khouri (Federal Records), Duke Reid (Treasure Isle) et Clement “Coxsone” Dodd au Studio One. Ces séances, qu’Alexander qualifie de “non plus du calypso, mais la naissance du ska”, révèlent des talents comme le tromboniste Don Drummond, le saxophoniste ténor Roland Alphonso et le guitariste Ernest Ranglin. L’une de ses expériences musicales les plus marquantes fut sa rencontre avec Nat King Cole en 1953, lors d’un concert au Carib Theater de Kingston. “À la maison, Nat Cole représentait la voix de l’Amérique”, se souvient-il. De même, assister aux performances de Louis Armstrong avec son père dans les années 1950 fut un moment décisif qui influença profondément son approche musicale. En 1962, alors qu’il joue à Las Vegas, il est repéré par Jilly Rizzo, propriétaire d’un club new-yorkais et proche de Frank Sinatra. Ce dernier devient l’un de ses plus fervents admirateurs, et Alexander se retrouve à jouer tard dans la nuit pour une assemblée prestigieuse de musiciens et célébrités, dont Miles Davis, Count Basie, Milt Jackson et Roy Haynes. Très vite, il joue aux côtés des titans du jazz tels que Dizzy Gillespie, Clark Terry et Sonny Rollins. Il se produit régulièrement au légendaire Minton’s à Harlem, berceau du bebop, ainsi qu’au Club Playboy. Durant les années 1960 et 1970, il collabore avec Quincy Jones, Ray Brown et Oscar Peterson, ce dernier le recommandant au label allemand MPS, pour lequel Alexander enregistrera une douzaine d’albums entre 1971 et 1985. Son talent le mène également à participer à l’album Smackwater Jack de Quincy Jones en 1970, où il partage les claviers avec Herbie Hancock, ainsi qu’à des enregistrements emblématiques au Festival de Jazz de Montreux avec Gillespie et Clark Terry. Il rejoint également l’Orchestre des Nations Unies de Dizzy Gillespie dans les années 1980 et joue aux côtés de Sonny Rollins lors d’un concert mémorable sur le fleuve Hudson en 1990. En 1978, avec l’album Jamento, il introduit son concept novateur d’“ivoire et d’acier”, fusionnant le steel drum et les percussions jamaïcaines avec son trio de piano acoustique. Cette approche se retrouve dans Yard Movement (1996) et atteint son apogée en 2011 avec Harlem Kingston Express: Live!, un album qui lui vaut une nomination aux Grammy Awards. En 1991, il collabore avec Natalie Cole sur son album Unforgettable... with Love, hommage à son père Nat King Cole, qui remporte sept Grammy Awards. Parmi ses autres performances remarquables figurent son interprétation de la Rhapsody in Blue de George Gershwin, sous la direction de Bobby McFerrin au Festival de Verbier, ainsi que sa contribution à la bande originale du film Bird de Clint Eastwood sur Charlie Parker. L’année 2019 marque son 75ᵉ anniversaire avec une performance solo au Royal Albert Hall de Londres, rendant hommage à Duke Ellington, et la 10ᵉ édition du Festival de Jazz d’Easton (Maryland), dont il est directeur artistique. En 2022, Obelisk Media entreprend la production d’un documentaire consacré à sa vie et sa carrière. Réalisé par Jefferson Miller, lauréat d’un Academy Award®, et produit par Arthur Gorson, The Monty Alexander Story reviendra sur le parcours exceptionnel de ce virtuose, co-produit par Monty Alexander lui-même et son agent Caterina Zapponi. Monty Alexander continue ainsi d’inspirer le monde du jazz, repoussant sans cesse les frontières du genre avec son énergie inépuisable et son amour profond pour la musique.